On se rend à pied au (Jokhang), le temple
sacré de
(Lhassa).
On pénètre à l'intérieur en contournant
discrètement les tibétains qui dès le matin sont
là pour faire les grandes prosternations.
On passe devant les quatre rois gardiens qui sont ici sous forme de statues et
on arrive dans la cour intérieure.
Toits du (Jokhang)
Beaucoup de monde, énormément de monde. Tout d'abord,
énormément de pèlerins tibétains qui viennent
exprimer leur profonde foi religieuse. Ils font tous, les uns
derrière les autres, le tour intérieur du , visitant
chaque petite chapelle pour faire des offrandes, un chapelet à une
main, un paquet de beurre ou une lampe à beurre à l'autre main
et «
» (Om Mani Pedme Hung), le mantra de
(Avalokiteshvara) le boddhisattva de la compassion et protecteur du Tibet, aux lèvres.
Les lampes qui éclairent les chapelles et les statues sont des lampes
à beurre, et la première
offrande consiste en une offrande de beurre qui devient ainsi une offrande de
lumière. Les pèlerins font aussi des offrandes d'argent et
de katas, les longues écharpes blanches traditionnelles que
l'on passe autour du cou des invités en guise de bienvenue, qu'ils
lancent aux pieds des principales statues.
La ferveur culmine lorsqu'ils entrent dans la salle contenant la statue la
plus sacrée du Tibet, la magnifique statue du Jowo Shakyamuni,
une des premières statues du bouddha historique apportée
par la femme chinoise du premier roi historique du Tibet, roi converti au
bouddhisme et ayant fait justement construire le (Jokhang), premier
temple bouddhiste au Tibet. C'est magnifique et très
impressionnant.
Cela contraste fortement avec tous les touristes chinois qui se mitraillent
à tour de rôle avec leur appareil photo et surtout se baladent
avec leur téléphone portable à l'oreille : affligeant.
Cela contraste aussi avec le fait que les chinois ont transformé le
en pompe à fric pour touristes : après le billet
d'entrée il faut payer 150 Yuans (~ 150 F) si on veut prendre des
photos à l'intérieur et payer 10 Yuans pour monter sur le toit,
tout allant certainement dans les poches des chinois.
Pas de photos donc, mais on monte quand même sur le toit. De
là on a la vue « carte postale » sur le
(Potala), vue maintenant gâchée par les diverses
constructions
chinoises.
Vue du depuis le
Après avoir passé plusieurs heures à l'intérieur, à visiter les chapelles, à faire la circumambulation intérieure en faisant tourner les moulins à prières et à se promener sur les toits on ressort du temple. Il y a nettement moins de monde que ce matin.
Après le déjeuner on part visiter le palais du
(Potala). On passe sur la grande place
érigée par les
chinois au pied de la colline où se situe le palais. Ils commencent
à démonter les tribunes et la grande estrade qui ont servi
à la commémoration récente du cinquantenaire de
l'invasion du Tibet par la Chine. D'ailleurs il y a partout des petits
drapeaux commémoratifs de cette invasion, drapeaux qui recouvrent
même certains bâtiments officiels, sorte de contre-point
envahissant aux drapeaux à prières tibétains.
Le bus nous amène directement en haut de la colline à
l'entrée du : on n'est pas encore assez acclimaté pour y monter
rapidement par les escaliers, et un éboulement barre le chemin habituel
qui y monte. On a une vue sur l'arrière de
(Lhassa) et sur
les deux cheminées de l'usine construite un peu plus loin qui crachent
de grandes fumées blanches.
Palais du (Potala)
Première impression du une fois qu'on franchit l'enceinte : les
poubelles en forme de panda accroché à un gros bambou
installées partout par les chinois ! Les chinois ont aussi
transformé le palais en usine à fric pour touristes : chemin
strictement balisé et il faut payer 20 Yuans (20 F) par salle si l'on
veut prendre des photos, on s'en passera.
À part ça, c'est vraiment magnifique. Le palais est immense
et c'est assez impressionnant de se balader dans ces grands et longs couloirs
empruntés auparavant par les Dalaï Lamas, de visiter les
nombreuses chapelles, les salles contenant les trônes des
différents Dalaï Lamas, les grandes salles sombres contenant les
grands (Chörtens) où sont mises les reliques des
Dalaï Lamas.
Il faut payer 10 Yuans pour monter sur le toit et avoir une vue de
(Lhassa) : c'est l'arnaque, il n'y a rien
d'intéressant à voir.
Malgré tout, une super visite. À la sortie belle vue sur
.
On voit quelques maisons tibétaines au pied de la colline, vestiges du
quartier tibétain rasé par les chinois et remplacé par
cette grande place vide et sans âme. Un peu plus loin on arrive à
voir les toits dorés du
(Jokhang) noyés dans
la ville chinoise.
De retour au centre ville je vais faire un petit tour du
(Barkor). J'arrive à la grande place que les
chinois ont dégagée devant le
et m'assois sur une des bordures
surélevées en béton des bacs à pelouse, bordures
qui font comme des longs bancs. Mais pas moyen de rester là tranquille,
des policiers passent régulièrement sur ces bordures pour virer
tout le monde : interdit de rester simplement assis immobile. Je me fais virer
deux fois et décide alors de rentrer à l'hôtel en passant
par les marchés de fruits et légumes dans les petites rues
adjacentes. Les tibétains y vendent le produit de leurs cultures ainsi
que du beurre de yack, présenté sous forme de grandes mottes
transportées dans une enveloppe en peau de yack.
De retour à l'hôtel je monte sur la terrasse du toit où
je passe tranquillement un peu de temps à profiter de la vue. Le soleil
illumine le (Potala) sur sa colline, les montagnes bordent la
vallée de part et d'autre et le ciel accueille de nombreux
cerfs-volants. Le cerf-volant semble être ici aussi très
apprécié par les enfants dont certains sont très
doués : ils arrivent à faire monter leurs cerfs-volants
rudimentaires très haut dans le ciel, à plus d'une centaine de
mètres de hauteur. Le plus dur est de ne pas laisser le cerf-volant
s'enrouler dans les fils électriques au départ lors d'un
décollage raté, comme cela arrive aux deux enfants sur un toit
en face de moi.
Dîner dans un tout petit restaurant très sympathique. Comme presque tous les restaurants, même les plus petits, il est équipé d'une télévision et d'un lecteur de CD vidéos. Dans certaines rues on entend d'ailleurs la télé brailler et on voit des tibétains collés à l'entrée et complètement hypnotisés par cette télé. Ici il passe une petite comédie chinoise très rigolote.
Dernière mise à jour : 10 octobre 2001. | © Stéphane Rivière, s.riviere@uha.fr |